« J’ai fait la paix avec mon diabète »

Je m’appelle Joseph, j’ai  42 ans et j’ai un diabète. Il y a 7 mois, au cours de vacances à Abidjan (Côte d’Ivoire), j’ai découvert que j’avais « la maladie du Diable », le diabète.

… Voici mon histoire…

A cette époque, je subissais les symptômes du diabète sans le savoir. Je buvais beaucoup d’eau. J’avais une soif intense nuit et jour, je me sentais terriblement fatigué. Je dormais mal, mes nuits étaient interrompues par mes envies permanentes d’uriner. Malgré le fait d’être en chambre avec air conditionnée, je transpirais.

Ma sœur Alice s’inquiétait, me demandant constamment comment je me sentais. Elle connait bien cette maladie parce que son fiancé a été diagnostiqué avec un diabète. Inquiète, Alice me propose de faire un test et fait appel à une amie qui vient avec un appareil à glycémie.

On me pique au bout du doigt avec une sorte de pastille, je vois ma goutte de sang qu’on met dans une espèce de boitier… du moins je crois que c’était une sorte boitier. Je me demande quel peut être le résultat, j’espère que ce n’est pas le diabète, je ne sais pas… je suis juste très fatigué.  Le chiffre s’affiche… Je ne me rappelle même plus… mais j’entends encore les propos de cette amie à ma sœur « hummm, c’est élevé. Les lettres HI signifient-elles diabète ? ».

Je me sentais terriblement mal, vertige, mal à mon aise, ayant de plus de plus du mal à me concentrer. La décision est prise de m’emmener immédiatement à l’hôpital. Ma sœur passe quelques coups de téléphone de son téléphone portable, elle voulait « le meilleur diabétologue d’Abidjan »… ou bien fallait-il m’emmener aux urgences ? Après le passage dans un Centre Médical, on est référé vers un autre endroit de la ville, la clinique M pour être vu par Docteur S, un diabétologue connu.

A mon arrivée, la prise en charge se fait immédiatement. J’y reste pendant trois heures: hospitalisation, prise de sang, perfusion…

Je n’ai jamais été hospitalisé… je suis rarement malade…

Le Docteur S m’annonce « vous avez le diabète »… Je suis abasourdi. Il me parle d’hyperglycémie… Je suis abasourdi… Tout cela est nouveau pour moi…

Le Docteur me parle du diabète, me pose des questions sur mon histoire familial, il m’explique cette maladie… Je l’écoute sans vraiment comprendre, je comprends ce qu’il dit mais je l’écoute à peine.

Je n’ai jamais été malade… comment pourrais-je avoir le diabète ?

Je sors le même jour après trois heures de cette hospitalisation ambulatoire. Je ne sais même pas ce que j’ai reçu comme traitement, je me sens un peu mieux. J’ai une ordonnance, mais je ne sais pas ce qu’il y a dessus. Francine est plus active que moi, à mes côtés. Elle règle la facture de la clinique, elle achète les médicaments, elle cause avec le médecin, et je rentre à la maison…

J’ai séjourné encore deux semaines à Abidjan. Alice me rappelle tous les jours de prendre mon traitement, ce que je fais pour ne pas me faire réprimander par elle. Elle semble plus préoccupée que moi. Elle me rappelle que le diabétologue a recommandé que je vois mon médecin traitant dès mon retour sur Paris. Je dis oui… mais je me sens déjà bien… est-ce que j’ai vraiment le diabète ? est-ce que j’ai besoin de ces traitements ? 

C’est juin, l’été arrive, je suis de retour sur Paris. Je n’ai pas vu mon médecin traitant, je n’en ressens pas l’utilité. Mon ordonnance est restée à Abidjan, mes traitements sont quelque part, dans mon sac de voyage (encore)… je sais plus. Je reste sans traitement jusqu’au mois novembre. Cinq mois sont passés. Est-ce que j’ai ce diabète ? Si je l’avais, je l’aurais senti… ou bien ?

Des bouleversements dans ma vie, le mois de novembre sera un cauchemar. Ma vie familiale est perturbée profondément, je perds pied. J’ai un deuxième boulot pour joindre les deux bouts. De plus, je sens que ma vue baisse, je me sens de plus en plus fatigué, c’est surement le travail. Mais comment puis-ressentir autant de fatigue ? c’est inhabituel.

Ma vie prend une autre tournure… je suis arrêté, je suis en garde à vue.

Je m’y retrouve pas, je suis fatigué de plus en plus. Je refuse de manger… Le juge décide de ma condamnation et je suis incarcéré finalement.

A la prison, lors du contrôle médical avant incarcération, l’infirmière me fait un test sanguin de routine (dit-elle). Je ne me sens pas bien… et j’ai droit à un Paracetamol. Elle m’informe que je verrai le médecin le lendemain.

Est-ce le diabète ? Non, je ne pense pas

J’ai pas eu besoin de traitement depuis des mois, pourquoi seulement maintenant aurais-je des symptômes ?

« Monsieur, vous avez le diabète » dit le médecin.

« Encore ce diabète » je me murmure dans mon esprit. « Votre glycémie sans manger est à 4.80 g/L » dit le médecin. Et moi je pense « Diabète, ce Diable de diabète ». Un rendez-vous est pris avec le diabétologue … encore une fois…. Ce nom est lâché…. « DIABETOLOGUE… » comme à Abidjan

Ma rencontre avec le diabétologue se fait à Hôpital P, c’est une dame. Elle prend son temps, m’explique le diabète, la nécessité de m’hospitaliser pour faire bilan complet. Elle me parle des complications, et je vois ce « Diable » qui est en moi.

Je n’avais pas conscience de toutes ces complications possibles… et j’accepte l’hospitalisation…cela me permet aussi de quitter la prison, ce milieu que je ne connaissais pas avant mon incarcération.

Je suis transféré à Hôpital C. L’accueil est très chaleureux, le personnel infirmier est aux petits soins. Je suis installé dans ma chambre. On me pose un appareil pour mesurer les glycémies. Il est très moderne, il mesure ma glycémie en continue, 24h/24… Quel progrès.

Les infirmières me montrent comment mesurer ma glycémie au bout du doigt… c’est une vraie expérience. Apparemment je devrai le faire pour le restant de ma vie.

Je suis moins sous le choc, de toute façon je n’ai pas autre chose à faire que d’écouter, et  de m’occuper de ma santé actuellement.

Rencontre avec le diabétologue… Dr J , c’est un homme, il est jeune. On s’entretient, on ne parle pas de diabète pendant cinq à sept minutes, je m’entretiens juste d’homme à homme avec lui. Il demande des nouvelles de ma famille… cela me réconforte qu’il parle de famille… Il m’inspire confiance… J’ai envie d’écouter ce qu’il a à me dire.

On a discuté pendant une heure, il m’a parlé, mais il m’a surtout écouté aussi. J’ai bien parlé, et je l’ai beaucoup écouté. Il me promet de la documentation pour lire, et il repassera me voir et on parlera de ce que je n’ai pas compris.

Je commence à trouver des repères dans ce diabète. Il ne me semble plus si diabolique.

Le médecin m’a expliqué les bénéfices de faire sa glycémie, l’intérêt de « hémoglobine glyquée », du suivi cardiovasculaire, le cholestérol, le poids, l’activité sportive… je comprends mieux mon diabète, je comprends même mes traitements. Je suis plutôt fier de moi, cette démarche me plait.

Je connais de mieux en mieux mon diabète, je fais mes glycémies, je remarque les aliments qui font beaucoup monter ma glycémie…

Cela fait cinq jours que je suis hospitalisé. J’ai fait ma première séance d’activité sportive ce jour, et… j’ai fait une hypoglycémie après la marche dans la cour…, avec vertiges, fatigue, je tremblais, ma glycémie était à 0.52 g/L. Je me suis resucré avec l’aide du personnel médical.

C’est une expérience troublante. J’en ai parlé avec le Diabétologue. Je sais maintenant comment réagir si ces symptômes reviennent un jour. Le Docteur J a raison, l’activité sportive fait baisser la glycémie. On en a discuté, on a convenu à baisser mon traitement. 

Je suis fier d’avoir découvert cela. Je m’occupe de moi, de ma santé.

J’ai fait la paix avec ce « diable », je suis en paix avec mon diabète. Je sais pourquoi je dois voir mon diabétologue au moins deux fois par an, faire des examens de cœur, des yeux et des autres complications.

Je connais les objectifs des glycémies faites, je connais les bons chiffres de glycémie. Le sport, je retrouve l’envie de perdre du poids, je me sens mieux, léger. J’aime le tennis de table, je vais en faire plus souvent. La diététicienne est venue. On a ajusté ma nutrition. Je mange les mêmes aliments qu’avant, mais je mange mieux, organisé et structuré, je mange différemment. Mon traitement est entré dans mon quotidien. Je suis du bon côté du diabète, le diabète bien équilibré, et je ne veux pas de complications

J’ai le diabète de type 2. Je prends mes médocs, je vois mon médecin à chaque rendez-vous, je prends ma glycémie au moins deux fois par jour. 

Si tu prends pas tes « MEDOCS », tu fais pas du sport, tu fais pas attention à ce que tu manges, il y aura pas de miracle.

Vous qui me lisez, j’espère de par mon histoire vous apporter de l’aide dans votre diabète, celui de votre parent ou ami. Moi j’apporterai toujours de l’aide, à ceux qui seront autour de moi.

Merci d’avoir pris la peine de me lire. Merci à Docteur Chocolat et son blog d’exister et me permettre de m’exprimer.

J’ai fait la paix avec mon diabète

Joseph T

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13 thoughts on “« J’ai fait la paix avec mon diabète »

  1. Histoire vraiment très emouvante.
    Cest bien si vous Aviez finalement compris.
    Cette histoire ressemble à l’histoire de beaucoup d’autres diabetiques.

    1. Merci chère olivia.
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    2. Très belle histoire, émouvante et encourageante… Une rencontre pas évidente mais une aventure de vie qui en vaut la peine car « Juste » une nouvelle page à écrire…

      Merci Joseph pour ce témoignage de courage
      Merci Dr Chocolat pour ce partage

      Une morale édifiante que je retiens personnellement…Se dire que rien n’est fini tant qu’on se donne les moyens de continuer…

      1. Merci Marie. Joseph est un parmi beaucoup qui ont une histoire particulière avec une maladie chronique.
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  2. Juste waouuuu…
    Beau témoignage…puisse t il en impacter plus d’un!
    Bel hommage à toi Dr Chocolat….mais moi te connaissant je sais que c’est pas assez……big up Dr Chocolat

    1. Merci cher Telly pour ton appréciation toujours tres touchante
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  3. Très édifiant témoignage rempli d’enseignements. Le plus dur c’est de passer la phase du déni. Une fois l’acceptation faite, on peut se réconcilier avec son corps, sa maladie et la dompter, sinon vivre avec en toute discipline.
    Merci vraiment.

    1. Merci Aristide.
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    1. Merci Ann Mel
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  4. Une belle histoire, qui montre non seulement l’importance de l’acceptation du diabète pour une meilleure prise en charge, malheureusement nombreux sont ceux qui restent au stade de déni et là c’est la catastrophe; mais aussi et surout l’importance d’avoir une équipe médicale formée pour la prendre en charge ses patients diabétiques Courage à joseph, merci Docteur.

    1. Merci Ruth
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